Parler pour que les parents écoutent, écouter pour que les parents parlent

communication avec les parents

La communication avec les parents est un terrain délicat. L’équilibre entre transmettre des informations, gérer des attentes parfois opposées et maintenir une relation de confiance est primordial. Pourtant, il arrive souvent que la conversation ne se passe pas comme prévu, que ce soit en raison de malentendus, de tensions émotionnelles ou d’un manque d’écoute réciproque. Comment alors parvenir à une communication véritablement constructive, qui permette aux parents d’écouter et de s’exprimer ? Voici quelques clés basées sur les principes de la communication non violente (CNV) et les théories psychologiques contemporaines.

Ecoutez pour être écouté, dès le départ

Pour que la communication soit fluide, il est essentiel que les parents se sentent en sécurité et compris. Cela passe d’abord par l’écoute. Selon Carl Rogers, psychologue humaniste, l’écoute active et empathique permet de créer un espace de sécurité où l’autre peut s’exprimer sans se sentir jugé. En adoptant une posture d’écoute, vous invitez les parents à partager leurs préoccupations en toute liberté, ce qui facilite grandement la compréhension mutuelle.

Dès que vous vous engagez dans une conversation, privilégiez une attitude calme et ouverte. Cela incite les parents à se détendre, à baisser leur garde et à être plus réceptifs aux messages que vous souhaitez transmettre. Il ne s’agit pas seulement d’écouter les mots, mais aussi de prêter attention au non-verbal, en observant le ton de voix, les gestes et les émotions exprimées.

Utiliser la communication non violente (CNV)

La communication non violente, développée par Marshall Rosenberg, repose sur quatre étapes fondamentales : observation, expression des sentiments, identification des besoins, et formulation d’une demande concrète. Appliquée aux échanges avec les parents, cela signifie qu’il faut commencer par observer une situation sans jugement. Par exemple, au lieu de dire « Vous êtes souvent en retard pour récupérer votre enfant », vous pourriez dire « J’ai remarqué que vous êtes arrivé après l’heure habituelle ces derniers jours. »

Ensuite, exprimez ce que vous ressentez et le besoin sous-jacent. « Cela me fait me demander si nous pourrions revoir ensemble l’organisation pour éviter des tensions. » Enfin, faites une demande claire et ouverte. En procédant de cette manière, vous évitez de culpabiliser le parent et offrez un espace pour la discussion.

Écoutez, oui, mais vraiment !

L’écoute active n’est pas seulement un acte passif ; c’est un processus qui nécessite une vraie volonté de comprendre l’autre. Il arrive parfois que les parents ne semblent pas écouter, soit parce qu’ils sont distraits par d’autres préoccupations, soit parce qu’ils sont dans une posture défensive. Dans ce cas, le rôle du professionnel est de rendre la communication aussi claire et accessible que possible.

L’un des outils efficaces dans ce cas est l’utilisation de supports visuels et écrits. Selon une étude de Mayer et al. (2009)sur les principes de l’apprentissage multimodal, les informations présentées sous différentes formes (écrites, visuelles, orales) sont mieux comprises et mémorisées. Ainsi, utiliser des résumés, des bulletins ou même des diagrammes peut renforcer votre message, surtout quand il s’agit de donner des informations complexes ou répétées.

Un autre aspect clé de l’écoute active est la reformulation empathique, une technique issue de la thérapie centrée sur la personne. Reformuler les propos des parents montre non seulement que vous les avez écoutés attentivement, mais aussi que vous comprenez leurs préoccupations. Cela renforce le lien de confiance et permet de clarifier certains malentendus.

Être à l’écoute des états émotionnels du parent

Les émotions jouent un rôle essentiel dans les échanges. En effet, selon la théorie de Bowlby (1969), les parents réagissent souvent émotionnellement lorsqu’ils perçoivent que leur rôle parental est menacé. Certaines remarques peuvent alors être perçues comme des critiques, même lorsque l’intention n’est pas de nuire. Il est donc important de valider les émotions des parents, même lorsque leurs réactions semblent disproportionnées ou mal orientées.

En exprimant votre compréhension du ressenti des parents, même sans nécessairement être d’accord avec eux, vous montrez que vous les respectez. Cette validation émotionnelle est cruciale pour éviter que les discussions ne se transforment en confrontations, et pour permettre aux parents de s’ouvrir davantage.

La transparence et la répétition comme outils de clarté

Enfin, pour que les parents écoutent véritablement, il est nécessaire que la communication soit claire et transparente. Les messages doivent être simples, directs et dénués d’ambiguïtés. N’hésitez pas à répéter les informations importantes à différents moments, de manière structurée, afin d’en faciliter la compréhension et la mémorisation. Comme le souligne Edward Tufte dans son ouvrage sur la visualisation de l’information, les messages doivent être présentés de manière à réduire la surcharge cognitive et à faciliter l’accès à l’information essentielle.

Il peut aussi être utile de proposer des moments de suivi, tels que des réunions régulières ou des échanges informels, pour revenir sur les points abordés et vérifier la compréhension de chacun. Cela montre que vous êtes investi dans l’accompagnement des parents et que vous souhaitez que leur expérience soit partagée et enrichie.

La communication doit devenir un pont solide entre vous, professionnels, et les parents, pour un accompagnement optimal de l’enfant dans sa croissance et son bien-être.

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